21 Et toi, ô Jéhovah mon Seigneur! Du déversement de plaintes et d'imprécations contre ses ennemis, le psalmiste passe à la prière; ou plutôt, après s'être livré à Dieu comme son gardien et son libérateur, il paraît saisir l'occasion, de cette circonstance, de s'encourager dans la prière; de même que toutes les réflexions pieuses par lesquelles les fidèles exercent et fortifient leur foi, les poussent à invoquer le nom de Dieu. En même temps, il ne se pique sur aucun service qu'il a rendu à Dieu, comme méritant son aide, et il ne compte pas non plus sur sa propre dignité, mais il place toute sa confiance dans la libre grâce et la miséricorde de Dieu. Cette intégrité dont il était conscient, il la plaça en opposition à ses ennemis, dans le but de rendre leur iniquité plus manifeste; mais il n’aspire à aucune récompense de Dieu, parce qu’il adopte le principe le plus noble, celui de tout devoir au choix volontaire de Dieu, dont il reconnaît aussi sa sécurité. S'il était permis à quiconque de se vanter de ses vertus et de ses mérites, David n'était certainement pas l'homme qui avait le moins le droit de le faire; et, de plus, il était le représentant du Christ et de toute l'Église. D'où il s'ensuit que toutes nos prières disparaîtront en fumée, à moins qu'elles ne soient fondées sur la miséricorde de Dieu. Le cas du Christ était en effet un cas particulier, dans la mesure où c'est par sa propre justice qu'il a apaisé la colère de son Père envers nous. Comme, cependant, sa nature humaine était entièrement dépendante du bon plaisir de Dieu, il était donc sa volonté, par son propre exemple, de nous diriger vers la même source. Que pouvons-nous faire, vu que le plus honnête d'entre nous est contraint de reconnaître qu'il est responsable de la commission de beaucoup de péchés; nous ne pourrons certainement jamais faire de Dieu notre débiteur? Il s'ensuit donc que Dieu, à cause de la bonté de sa nature, nous prend sous sa protection; et qu'à cause de la bonté de sa miséricorde, il désire que sa grâce brille en nous. En venant à Dieu, nous devons toujours nous rappeler que nous devons posséder le témoignage d'une bonne conscience et nous devons nous garder de penser que nous avons une justice inhérente qui rendrait Dieu notre débiteur, ou que nous méritons une récompense de sa part. Car si, dans la conservation de cette vie courte et fragile, Dieu manifeste la gloire de son nom et de sa bonté, combien plus toute confiance dans les bonnes œuvres doit-elle être mise de côté, alors que l'objet auquel il est fait référence est la vie céleste et éternel? Si, dans le prolongement de ma vie pendant une courte période sur terre, son nom s'en trouve glorifié, en manifestant de lui-même envers moi sa bienveillance et sa libéralité; quand donc, m'ayant délivré de la tyrannie de Satan, il m'adopte dans sa famille, lave mon impureté dans le sang du Christ, me régénère par son Esprit Saint, m'unit à son Fils et me conduit à la vie de ciel, alors, assurément, plus il me traite avec générosité, moins je serais disposé à m'arroger une partie de l'éloge. Dans quelle mesure David joue-t-il un rôle différent, qui, pour se procurer faveur, publie sa propre pauvreté et misère? Et comme l'affliction extérieure ne sert à rien, à moins qu'un homme, en même temps, ne soit humilié et que son esprit fier et rebelle ne soit soumis, le psalmiste répète ici que son cœur a été blessé en lui. D'où nous pouvons apprendre que Dieu ne sera un médecin pour personne, sauf pour ceux qui, dans un esprit d'humilité authentique, lui envoient leurs soupirs et leurs gémissements, et ne s'endurcissent pas sous leurs afflictions.

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