Commentaire Biblique de Jean Calvin
Psaume 37:27
27 Éloignez-vous du mal et faites le bien. Dans ce verset, David soutient que, pour réaliser la bénédiction dont il a parlé, nous devons nous abstenir de tout mal, accomplir les devoirs de l’humanité et nous efforcer de faire du bien à nos voisins. . Cette doctrine est en contradiction avec les préceptes de la nature humaine corrompue; mais il est, néanmoins, certain que beaucoup des troubles et des détresses dans lesquels toute la race humaine est impliquée, ne procèdent d'aucune autre cause que celle-ci, que chaque homme respectivement, dans sa propre sphère, étant donné à l'injustice, à la fraude, à l'extorsion, et malfaisant, rejette avec mépris la bénédiction de Dieu. Ainsi, c'est à cause des barrières que les hommes jettent à leur manière, qu'ils n'atteignent pas le bonheur dans ce monde, et que chaque homme à sa place ne possède pas la paix et la tranquillité qui lui appartiennent. C'est donc avec la plus grande convenance que David passe de la doctrine du contexte précédent à cette exhortation: car si les doux possèdent la terre, alors chacun, en ce qui concerne son propre bonheur et sa paix, doit aussi s'efforcer de marcher droit, et de s'appliquer aux œuvres de bienfaisance. Il faut aussi remarquer qu'il relie ces deux choses, premièrement, que les fidèles doivent strictement faire le bien; et, deuxièmement, qu'ils doivent s'abstenir de faire le mal: et cela il ne le fait pas sans raison: car, comme nous l'avons vu dans le trente-quatrième psaume, il arrive souvent que la même personne qui non seulement agit avec bonté envers certaines personnes, mais même avec une main généreuse distribue en grande partie la sienne, est encore tout en pillant les autres, et en amassant par extorsion les ressources au moyen desquelles il déploie sa libéralité. Quiconque désire donc faire approuver ses bons offices par Dieu, qu'il s'efforce de soulager ses frères qui ont besoin de son aide, mais qu'il ne blesse pas l'un pour aider un autre, ou n'afflige et afflige un pour faire un autre heureux. Or David, sous ces deux expressions, a brièvement compris les devoirs de la deuxième table de la loi: premièrement, que les pieux gardent leurs mains libres de tout mal, et ne donnent aucune occasion de se plaindre à personne; et, deuxièmement, qu’ils ne doivent pas vivre pour eux-mêmes et ne faire que promouvoir leurs propres intérêts privés, mais s’efforcer de promouvoir le bien commun de tous selon leurs possibilités et dans la mesure où ils le peuvent. Mais nous avons déjà dit que la bénédiction qui est promise aux justes, à savoir qu '«ils hériteront de la terre», ne se réalise pas toujours au même degré que pour tout le peuple de Dieu; et la raison que nous avons assignée à cela est que Dieu ne peut pas trouver parmi les hommes un exemple d'une si grande droiture, mais que même les plus parfaits se procurent beaucoup de misère par leur propre faute: et donc cela n'a pas besoin de nous surprendre si Dieu se retire, à au moins dans une certaine mesure, sa bénédiction même de la sienne. Nous savons aussi à quel excès les convoitises de la chair se déchaînent, à moins que le Seigneur ne leur impose une contrainte. D'ailleurs, il n'y a personne qui soit prêt à s'engager joyeusement dans la méditation sur la vie divine, qui n'y soit poussé et encouragé par divers motifs. C'est pourquoi la possession de la terre, que David attribue ici aux enfants de Dieu, ne consiste pas toujours (comme les juristes le définiraient) à avoir toujours les pieds plantés en elle et à s'y établir solidement; car il y a ici de nombreuses sources d'inquiétude et d'affliction pour les troubler. Et pourtant, il ne s'ensuit pas que ce soit une pure fiction ou une chose imaginaire qu'il promet. Car bien que l'expérience quotidienne nous montre que les enfants de Dieu n'héritent pas encore de la terre, pourtant, selon la mesure de notre foi, nous sentons l'efficacité de la bénédiction de Dieu qui, comme une source qui ne peut être drainée, coule continuellement. Ils sont en effet plus qu'aveugles qui ne perçoivent pas que les justes ont actuellement cette récompense, que Dieu les défend et les soutient par sa puissance.