Commentaire Biblique de Jean Calvin
Psaume 37:9
9. Car les méchants seront coupés. Ce n'est pas sans raison qu'il inculque à plusieurs reprises la même chose, à savoir que le bonheur et la prospérité dont jouissent les impies ne sont qu'un masque ou un fantôme; car la première vue éblouit tellement nos sens, que nous sommes incapables de nous faire une juste estimation de ce qui sera son issue, à la lumière de laquelle seule nous devons juger de la valeur de tout ce qui a précédé. Mais le contraste entre les deux clauses du verset doit être observé. Premièrement, en disant que les méchants seront retranchés, il laisse entendre qu'ils fleuriront frais et verts jusqu'à ce que le moment de leur destruction arrive; et, deuxièmement, en attribuant la terre aux pieux, en disant: Ils hériteront de la terre, il veut dire qu'ils vivront de telle manière que la bénédiction de Dieu les suivra, jusque dans la tombe. Or, comme je l'ai déjà dit, la condition actuelle des hommes doit être estimée par l'état dans lequel elle se terminera. De l'épithète par laquelle il distingue les enfants de Dieu, nous apprenons qu'ils sont exercés par un conflit sévère pour l'épreuve de leur foi; car il en parle, non pas comme justes ou pieux, mais comme ceux qui attendez le Seigneur. À quoi servirait cette attente, à moins qu'ils ne gémissent sous le fardeau de la croix? De plus, la possession de la terre qu'il promet aux enfants de Dieu ne leur est pas toujours réalisée; parce que c'est la volonté du Seigneur qu'ils y vivent comme des étrangers et des pèlerins; il ne leur permet pas non plus d'y avoir une demeure fixe, mais les essaie plutôt avec des ennuis fréquents, afin qu'ils désirent avec plus d'empressement la demeure éternelle du ciel. La chair cherche toujours à construire son nid pour toujours ici; et si nous n'étions pas ballottés çà et là, sans souffrir pour nous reposer, nous oublierions peu à peu le ciel et l'héritage éternel. Pourtant, au milieu de cette inquiétude, la possession de la terre, dont parle ici David, n'est pas enlevée aux enfants de Dieu; car ils savent très certainement qu'ils sont les héritiers légitimes du monde. C'est pourquoi ils mangent leur pain avec une conscience tranquille, et bien qu'ils souffrent du besoin, Dieu pourvoit à leurs besoins en temps voulu. Enfin, bien que les impies travaillent pour effectuer leur destruction et les jugent indignes de vivre sur la terre, Dieu étend cependant sa main et les protège; non, il les soutient tellement par sa puissance, qu'ils vivent plus en sécurité dans un état d'exil que ne le font les méchants dans leurs nids auxquels ils sont attachés. Et ainsi la bénédiction, dont parle David, est en partie secrète et cachée, parce que notre raison est si terne, que nous ne pouvons pas comprendre ce que c'est que posséder la terre; et pourtant les fidèles sentent et comprennent vraiment que cette promesse ne leur est pas faite en vain, puisque, ayant fixé l'ancre de leur foi en Dieu, ils passent leur vie chaque jour en paix, tandis que Dieu le manifeste dans leur expérience, que l'ombre de sa main suffit à les protéger.