Commentaire Biblique de Jean Calvin
Psaume 44:19
19 Bien que tu nous aies brisés à la place des dragons. En hébreu c'est, Car tu nous as brisés, etc .; mais la particule causale, כי, ki, selon l'idiome de la langue hébraïque, est souvent pris dans le sens de bien que ou quand. (146) Et certainement il doit être rendu ainsi à cet endroit, car ces trois versets sont liés, et la phrase est incomplète jusqu'à la fin des mots, Car il connaît les secrets du cœur. Les fidèles répètent plus largement ce que nous avons déjà vu, à savoir que, bien que plongés dans la plus grande profondeur des misères, ils ont continué avec constance dans leur résolution, et de la bonne manière. Si l'on considère les circonstances pénibles dans lesquelles ils ont été placés, cela ne nous apparaîtra pas comme un mode de parole hyperbolique, quand ils disent qu'ils étaient cassés même au sein du les profondeurs de la mer; car par la place des dragons je ne comprends pas les déserts et les lieux solitaires, mais les golfes les plus profonds de la mer. En conséquence, le mot תנים, tannim, que d'autres traduisent dragons, (147) Je préférerais rendre baleines, (148) comme on l'entend aussi dans de nombreux autres endroits. Cette interprétation est évidemment confirmée par la clause suivante, dans laquelle ils se plaignent d'avoir été couverts de l'ombre de la mort, ce qui implique qu'ils ont été engloutis par la mort lui-même. Souvenons-nous cependant qu'en ces mots le Saint-Esprit nous dicte une forme de prière; et que, par conséquent, il nous est enjoint de cultiver un esprit de force et de courage invincibles, qui peut servir à nous soutenir sous le poids de toutes les calamités que nous pouvons être appelés à endurer, afin que nous puissions témoigner d'une vérité, que même réduits à l'extrême du désespoir, nous n'avons jamais cessé de nous confier en Dieu; qu'aucune tentation, si inattendue soit-elle, ne pouvait chasser sa peur de nos cœurs; et enfin que nous n'avons jamais été aussi accablés par le fardeau de nos afflictions, si grandes soient-elles, pour ne pas avoir toujours les yeux dirigés vers lui. Mais il convient que nous remarquions encore plus particulièrement le style de parole employé ici par les fidèles. Afin de montrer qu'ils ont continué avec constance dans le pur service de Dieu, ils affirment qu'ils n'ont élevé ni leur cœur ni leurs mains vers personne d'autre que vers le Dieu d'Israël seul. Il ne leur aurait pas suffi de chérir une notion confuse de la divinité: il fallait qu'ils reçoivent dans sa pureté la vraie religion. Même ceux qui murmurent contre Dieu peuvent être contraints de reconnaître une certaine Divinité; mais ils se dessinent un dieu selon leur propre plaisir. Et c'est un artifice du diable, qui, parce qu'il ne peut pas à la fois éradiquer de nos cœurs tout sens de la religion, s'efforce de renverser notre foi, en suggérant à nos esprits ces artifices - que nous devons chercher un autre Dieu; ou que le Dieu que nous avons servi jusqu'ici doit être apaisé d'une autre manière; ou bien que l'assurance de sa faveur doit être recherchée ailleurs que dans la Loi et l'Évangile. Puisqu'il est donc beaucoup plus difficile pour les hommes, au milieu des remous et des vagues de l'adversité, de continuer résolument et tranquilles dans la vraie foi, nous devons observer attentivement la protestation que font ici les Saints Pères, que même réduits à Extrémité la plus basse de la détresse par les calamités de toutes sortes, ils n'ont cependant pas cessé de se fier au vrai Dieu.
Ils l'expriment encore plus clairement dans la clause suivante, dans laquelle ils disent: Nous n'avons pas tendu les mains (149) à un étrange dieu. Par ces mots, ils insinuent que, satisfaits de Dieu seul, ils n'ont pas laissé leurs espérances se partager sur des objets différents, ni regardé autour d'eux à la recherche d'autres moyens d'assistance. Nous apprenons donc que ceux dont le cœur est ainsi divisé et distrait par diverses attentes oublient le vrai Dieu, auquel nous ne parvenons pas à rendre l'honneur qui lui est dû, si nous ne nous reposons avec confiance en lui seul. Et certainement, dans le vrai et légitime service de Dieu, la foi et la supplication qui en découle tiennent la première place: car nous sommes coupables de le priver de l'essentiel de sa gloire, lorsque nous cherchons à l'écart de lui dans la moindre mesure. propre bien-être. Gardons donc à l'esprit que c'est un véritable test de notre piété, quand, plongés dans les profondeurs les plus basses des catastrophes, nous levons les yeux, nos espérances et nos prières, vers Dieu seul. Et cela ne sert qu'à démontrer de manière plus convaincante et plus claire l'impiété du papisme, quand, après avoir confessé leur foi dans le seul vrai Dieu avec la bouche, ses rotatifs le moment suivant dégradent sa gloire en l'attribuant à des objets créés. Ils s'excusent en effet en alléguant qu'en ayant recours à saint Christophe et à d'autres saints de leur propre création, ils ne revendiquent pas pour eux le rang de divinité, mais les emploient seulement comme intercesseurs auprès de Dieu pour obtenir sa faveur. Il est cependant bien connu de tous que la forme des prières qu’ils adressent aux saints, (150) n’est en aucun cas différente de celles prières qu'ils présentent à Dieu. D'ailleurs, bien que nous devions leur céder ce point, ce sera toujours une excuse frivole pour prétendre qu'ils cherchent des avocats ou des intercesseurs pour eux-mêmes. Cela revient à dire que le Christ ne leur suffit pas, ou plutôt que son office est totalement perdu de vue parmi eux. De plus, nous devons observer attentivement la portée de ce passage. Les fidèles déclarent qu'ils n'ont pas tendu la main vers d'autres dieux, parce que c'est une erreur trop courante parmi les hommes d'abandonner Dieu, et de chercher d'autres moyens de soulagement lorsqu'ils constatent que leurs afflictions continuent de les opprimer. Tant que nous sommes traités gentiment et affectueusement de Dieu, nous avons recours à lui, mais dès que l'adversité nous arrive, nous commençons à douter. Et si nous sommes encore plus pressés, ou s'il n'y a pas de fin à nos afflictions, leur continuation même nous pousse au désespoir; et le désespoir génère divers types de fausse confiance. De là surgit une multitude de nouveaux dieux encadrés d'après la fantaisie des hommes. De la levée des mains nous avons parlé ailleurs.