Commentaire Biblique de Jean Calvin
Psaume 77:7
7. et 8. Le Seigneur va-t-il rejeter pour toujours? Les déclarations faites ici font sans aucun doute partie des recherches qui ont engagé l'esprit du psalmiste. Il laisse entendre qu'il a été presque submergé par une longue succession de calamités; car il ne se déchaîna dans ce langage qu'après avoir enduré l'affliction pendant une si longue période au point de se risquer à peine à espérer que Dieu lui serait à l'avenir favorable. Il pourrait bien argumenter avec lui-même si Dieu continuerait d'être gracieux; car quand Dieu nous embrasse de sa faveur, c'est sur le principe qu'il continuera à l'étendre vers nous jusqu'au bout. Il ne se plaint pas correctement ou ne trouve pas à redire à Dieu, mais en raisonnant plutôt avec lui-même, conclut, de la nature de Dieu, qu'il lui est impossible de ne pas continuer sa libre faveur envers son peuple, à qui il s'est une fois montré un père. Comme il a retracé toutes les bénédictions que les fidèles reçoivent de la main divine au simple bon plaisir de Dieu, comme à une fontaine; si peu après il ajoute la bonté divine, comme s'il avait dit: Comment pouvons-nous supposer qu'il est possible pour Dieu de rompre le cours de sa disposition paternelle, alors qu'on considère qu'il ne peut pas se dépouiller de sa propre nature? On voit donc comment, par un argument tiré de la bonté de Dieu, il repousse les assauts de la tentation. Quand il pose la question, Sa parole ou son oracle échouent-ils? il laisse entendre qu'il était dépourvu de toute consolation, car il n'a rencontré aucune promesse de soutenir et de renforcer sa foi. Nous sommes en effet plongés dans un gouffre de désespoir lorsque Dieu nous ôte ses promesses dans lesquelles notre bonheur et notre salut sont inclus. Si l'on objecte que ceux qui avaient la] Loi entre leurs mains ne pouvaient pas être sans la parole de Dieu, je réponds qu'à cause de l'imperfection de l'ancienne dispensation, quand Christ n'était pas encore manifesté, (295) des promesses spéciales étaient alors nécessaires. Ainsi, dans Psaume 74:9, nous trouvons les fidèles se plaindre de ne plus voir leurs signes habituels, et qu'il n'y avait plus de prophète qui connaissait l'époque parmi eux . Si David était le rédacteur de ce psaume, nous savons qu'en matière de doute et de perplexité, il était habituel chez lui de demander conseil à Dieu, et que Dieu avait l'habitude de lui accorder des réponses. S'il était privé de cette source de soulagement au milieu de ses calamités, il avait des raisons de se plaindre de n'avoir trouvé ni oracle ni mot pour soutenir et fortifier sa foi. Mais si le psaume a été composé par un autre prophète inspiré, cette plainte conviendra à la période qui est intervenue entre le retour des Juifs de la captivité babylonienne et la venue du Christ; car, pendant ce temps-là, le cours de la prophétie fut en quelque sorte interrompu, et personne ne fut doté d'un don particulier du Saint-Esprit pour élever le cœur de ceux qui étaient abattus, ou pour les soutenir et les empêcher de tomber . En plus de cela, il arrive parfois que, bien que la parole de Dieu nous soit offerte, elle n'entre pas encore dans nos esprits, en conséquence de notre implication dans une détresse si profonde, qu'elle nous empêche de recevoir ou d'admettre le plus petit degré. de confort. Mais j'embrasse l'ancien sens, qui est que l'Église était maintenant sans ces annonces spéciales de prophétie avec lesquelles elle avait autrefois été favorisée, et que, comme elle dépendait encore de la simple vue des ombres de cette économie, elle se tenait constamment dans besoin de nouveaux supports. De cela, nous pouvons tirer la leçon utile, que nous ne devons pas être indûment inquiets, si Dieu nous retire à tout moment sa parole. Il ne faut pas oublier qu'il essaie son propre peuple par des méthodes si merveilleuses, qu'ils s'imaginent que toute l'Écriture est détournée de sa propre fin, et que bien qu'ils soient désireux d'entendre Dieu parler, ils ne peuvent pas encore être amenés à appliquer ses paroles à leur propre cas particulier. Ceci, comme je l'ai dit, est une chose angoissante et douloureuse; mais cela ne doit pas nous empêcher de nous engager dans l'exercice de la prière.