Commentaire Biblique de Jean Calvin
Romains 10:18
18. Mais je dis, n'ont-ils pas entendu? etc. Puisque les esprits des hommes sont imprégnés, par la prédication, de la connaissance de Dieu, qui les amène à invoquer Dieu, il restait une question de savoir si la vérité de Dieu avait été proclamée aux Gentils ; pour ce que Paul s'était soudainement livré aux Gentils, il n'y avait par cette nouveauté aucune petite offense donnée. Il demande alors si Dieu avait déjà dirigé sa voix vers les païens et exercé la fonction d'enseignant envers le monde entier. Mais pour montrer que l'école, dans laquelle Dieu rassemble des érudits de n'importe quel endroit, est ouverte en commun à tous, il apporte le témoignage d'un prophète de Psaume 19:4; ce qui semble pourtant porter en apparence peu de chose sur le sujet: car le Prophète n'y parle pas des apôtres mais des œuvres matérielles de Dieu; dans lequel il dit que la gloire de Dieu brille si manifestement, qu'on peut dire qu'ils ont une sorte de langue à eux pour déclarer les perfections de Dieu.
Ce passage de Paul a donné l'occasion aux anciens d'expliquer allégoriquement tout le psaume, et la postérité les a suivis: de sorte que, sans aucun doute, le soleil sortant comme époux de sa chambre, était Christ, et les cieux étaient les apôtres. Ceux qui avaient le plus de piété et qui montraient une plus grande modestie dans l'interprétation des Écritures, pensaient que ce qui avait été proprement dit de l'architecture céleste avait été transféré par Paul aux apôtres en guise d'allusion. Mais comme je trouve que les serviteurs du Seigneur ont partout avec une grande révérence expliqué les Écritures et ne les ont pas tournés à leur gré dans toutes les directions, je ne peux pas être persuadé que Paul a mal interprété ce passage de cette manière. Je prends alors sa citation selon le sens propre et authentique du Prophète; de sorte que l'argument sera quelque chose de ce genre, - Dieu a déjà depuis le commencement manifesté sa divinité aux Gentils, mais non par la prédication des hommes, mais par le témoignage de ses créatures; car bien que l'Évangile fût alors silencieux parmi eux, cependant toute l'œuvre du ciel et de la terre parlait et faisait connaître son auteur par sa prédication. Il apparaît donc que le Seigneur, même pendant le temps où il limita la faveur de son alliance à Israël, ne retira pas encore ainsi aux païens la connaissance de lui-même, mais qu'il en garda toujours en vie quelques étincelles parmi eux. Il se manifesta en effet alors plus particulièrement à son peuple élu, de sorte que les Juifs fussent justement comparés à des auditeurs domestiques, qu'il enseignait familièrement pour ainsi dire de sa propre bouche; cependant, en parlant à distance aux Gentils par la voix des cieux, il montra par ce prélude qu'il avait l'intention de se faire connaître longuement à eux aussi.
Mais je ne sais pas pourquoi l'interprète grec a rendu le mot קום, kum, φθόγγον αὐτῶν, leur son; car cela signifie une ligne, parfois en construction, et parfois en écriture. (334) Comme il est certain que la même chose est mentionnée deux fois dans ce passage, il me semble probable que les cieux sont introduits comme déclarant par ce qui est écrit pour ainsi dire sur eux, ainsi que par la voix, la puissance de Dieu; car par le mot sortant le Prophète nous rappelle que la doctrine, dont les cieux sont les prédicateurs, n'est pas comprise dans les limites étroites d'un pays, mais est proclamé dans les régions les plus extrêmes du monde.
4. Sans discours et sans mots!
Pas entendu est leur voix! -
5. À travers toute la terre sort leur voix,
Et à travers l'extrémité du monde leurs paroles.
Ils n'ont pas de mots, et pourtant ils ont des mots; ils n'ont pas de voix, et pourtant ils ont une voix. Ici la première et la dernière ligne correspondent, et la deuxième et la troisième. Il y a en effet un terme différent utilisé pour «mots» dans la dernière ligne de celui qui est adopté dans la première, mais dans la première il y en a deux, «discours», אמר et «mots», דברים, qui sont exprimés par un, מלים, dans le dernier. Il semble alors très probable que la vraie lecture ait été retenue par la Septante
Le «son», ou voix, tel qu'appliqué dans ce passage, signifie le rapport, les nouvelles, concernant l'Évangile; et les «paroles», leur prédication réelle. - Éd.