Commentaire Biblique de Jean Calvin
Romains 14:1
1. Lui en effet, etc. Il passe maintenant pour poser un précepte particulièrement nécessaire pour l'instruction de l'Église, que ceux qui ont fait le plus de progrès dans la doctrine chrétienne s'accommodent des plus ignorants et emploient leur propre force pour soutenir leur faiblesse; car parmi le peuple de Dieu, il y en a quelques-uns plus faibles que d'autres, et qui, s'ils ne sont pas traités avec beaucoup de tendresse et de bonté, seront découragés et s'éloignent enfin de la religion. Et il est très probable que cela se soit produit spécialement à cette époque; car les Églises étaient formées à la fois de Juifs et de Gentils; certains d'entre eux, habitués depuis longtemps aux rites de la loi mosaïque, y ayant été élevés dès l'enfance, n'en furent pas facilement éloignés; et il y en avait d'autres qui, n'ayant jamais appris de telles choses, refusaient un joug auquel ils n'étaient pas habitués. (413)
Or, comme la disposition de l’homme est de passer d’une divergence d’opinions à des querelles et à des disputes, l’apôtre montre comment ceux qui varient ainsi dans leurs opinions peuvent vivre ensemble sans aucune discorde; et il prescrit ceci comme le meilleur moyen, - que ceux qui sont forts doivent consacrer leur travail à aider les faibles, et que ceux qui ont fait les plus grands progrès doivent supporter les plus ignorants. Car Dieu, en nous rendant plus forts que les autres, ne donne pas la force que nous puissions opprimer les faibles; il n'est pas non plus du ressort de la sagesse chrétienne d'être au-dessus de toute insolence et de mépriser les autres. L'important donc de ce qu'il adresse aux plus intelligents et déjà confirmés, c'est que plus la grâce qu'ils avaient reçue du Seigneur était grande, plus ils étaient tenus d'aider leurs voisins.
Pas pour les débats de questions. (414) C'est une phrase défectueuse, car le mot qui est nécessaire pour compléter le sens fait défaut. Il paraît cependant évident qu'il ne voulait rien dire d'autre que de ne pas lasser les faibles de disputes infructueuses. Mais nous devons nous souvenir du sujet qu'il aborde maintenant: car comme beaucoup de Juifs sont encore attachés à l'ombre de la loi, il admet en effet que c'était une faute en eux; il exige encore qu'ils soient excusés pour un temps; car le presser de toute urgence sur eux aurait pu ébranler leur foi. (415)
Il appelle alors les questions contentieuses qui troublent un esprit pas encore suffisamment établi ou qui l'entraînent dans des doutes. Il peut être en même temps opportun d'étendre cela plus loin, même à toutes les questions épineuses et difficiles, par lesquelles des consciences faibles, sans aucune édification, peuvent être inquiètes et troublées. Nous devons alors réfléchir aux questions que chacun est capable de supporter et adapter notre enseignement à la capacité des individus.