Commentaire Biblique de Jean Calvin
Zacharie 11:7
Il reprend ici le fil du discours qu'il avait rompu peu de temps auparavant; car il expose ce qui n'avait pas encore été suffisamment exprimé: que l'ingratitude du peuple, à laquelle l'obstination était surtout liée, méritait une ruine entière, et qu'il n'y avait plus d'espoir de pardon; car le soin paternel de Dieu avait été le plus bas et le plus honteusement répudié, ainsi que la bienveillante faveur qu'il avait manifestée au peuple.
Dieu se plaint alors d'avoir nourri le troupeau . Certains appliquent cela à Zacharie; mais, comme je l'ai dit, Dieu raconte les actes de bonté qu'il avait uniformément manifestés envers le peuple, jusqu'à ce qu'il devienne totalement indigne de sa faveur. Souvenons-nous cependant que le Prophète parle du reste; car il ne raconte pas ici les bienfaits de Dieu dans les temps anciens, mais décrit l'état du peuple après son retour d'exil à Babylone. Dieu semblait auparavant avoir confié cette fonction à Zacharie - pour les nourrir; mais comme je l'ai déjà dit, le dessein de cela n'était autre que de montrer que toute la faute était dans le peuple; car ils avaient chassé d'eux la bonté de Dieu, et d'une manière menée la guerre avec mécontentement avec Dieu, de manière à empêcher tout accès pour sa faveur. Il y a donc ici une expostulation au nom de Dieu.
J'ai nourri , dit-il, le troupeau de boucherie, même les pauvres du troupeau . Certains rendent לכן, à cause de; mais il peut être pris dans un sens explicatif: ou nous pouvons donner ce rendu - «donc les pauvres», ou, surtout les pauvres. En ce qui concerne la signification, Dieu laisse entendre ici qu'il avait manifesté son souci pour le peuple tout entier, car il avait espéré qu'il y avait quelques brebis encore dignes de leur montrer miséricorde. Comme on aurait pu alors trouver de pauvres brebis parmi le troupeau impur, Dieu dit, qu'ayant cet espoir, il ne jugea pas pénible ou fastidieux d'entreprendre la fonction de berger pour gouverner le peuple. J'ai puis nourri le troupeau de boucherie , même pour cette raison, dit-il, car il y avait parmi eux quelques brebis misérables: je ne voulais donc pas les abandonner, et je préférais essayer tous les moyens plutôt que de rejeter ne serait-ce qu'une petite brebis, pourvu qu'on en trouve une seule dans tout le troupeau. (136)
Il dit qu'il a pris deux tiges , qu'il en a appelé une נעם, nom ," Beauty ", et qu'il a appelé l'autre חבלים, chebelim , "Cordes", rendus "destructeurs" par ceux qui adhèrent aux points hébreux; mais comme חבל, au singulier et au pluriel, a le sens d'une corde ou d'une corde, le Prophète, je n'en doute pas, entend par חבלים, chebelim , cordes ou fixations. La grammaire, en effet, ne le permet pas; mais Zacharie n'a pas fixé les points, car ils n'étaient pas alors en usage. Je sais en effet avec quel soin les vieux scribes ont inventé les points, alors que le langage avait déjà cessé d'être d'usage courant. Ceux qui négligent ou rejettent totalement les points sont donc certainement dépourvus de tout jugement et de toute raison; mais cependant une certaine discrimination doit être exercée; (137) car si nous lisons ici «destroyers», il n'y a pas de sens; si nous lisons «cordons», il n'y a pas de lettre changée, mais seulement deux points sont modifiés. Comme alors le sujet lui-même exige nécessairement ce sens, je m'étonne que les interprètes souffrent d'être servilement contraints, pour ne pas considérer le dessein du Prophète.
Le prophète dit alors qu'il avait pris deux verges, afin de se consacrer d'une manière qui n'est pas commune à la fonction de berger. Les bergers étaient satisfaits d'un escroc; car par verges il entend ici l'escroc utilisé par les bergers. Comme alors chaque berger portait son propre bandit, le Prophète dit ici qu'il était pourvu de deux bandits, ou bâtons pastoraux, parce que le Seigneur surpassait tous les hommes dans sa sollicitude dans la fonction de diriger son peuple. Mais le reste, je dois reporter à demain.