Introduction au deutéronome
Le nom ordinaire du livre est dérivé, par la Septante et la Vulgate, de celui parfois employé par les Juifs, «répétition de la Loi», et indique assez correctement le caractère et le contenu du livre.
La majeure partie du Deutéronome se compose d'adresses prononcées dans l'espace de 40 jours et commençant le premier jour du 11e mois de la 40e année.
Les discours présentent une unité de style et de caractère qui est étonnamment cohérente avec de telles circonstances. Ils sont imprégnés par la même veine de pensée, le même ton et la même teneur de sentiment, les mêmes particularités de conception et d'expression. Ils présentent une matière qui n’est ni documentaire ni traditionnelle, mais véhiculée par les propres mots de l’orateur.
Leur but est strictement hortatoire; leur style est sérieux, émouvant et impressionnant. Dans certains passages, c'est sublime, mais tout au long de la rhétorique. Ils gardent constamment à l’esprit les circonstances de l’époque et la crise dans laquelle la fortune d’Israël a enfin été amenée à traverser. Moïse n'avait pas devant lui les hommes à qui, par ordre de Dieu, il avait délivré la loi au Sinaï, mais la génération suivante qui avait grandi dans le désert. De grandes parties de la loi étaient nécessairement en suspens pendant les années d'errance; et parmi ses auditeurs actuels, beaucoup devaient être étrangers à diverses observances et ordonnances prescrites. Maintenant, cependant, à leur entrée dans des foyers établis à Canaan, une exécution complète des diverses obligations qui leur sont imposées par l'alliance deviendrait impérative; et c'est à cet état de choses que Moïse s'adresse. Il parle à des auditeurs qui ne sont ni totalement ignorants de la Loi, ni encore pleinement versés en elle. Beaucoup est supposé et pris pour acquis dans ses discours; mais dans d'autres domaines, il entre dans les détails, sachant que l'enseignement en eux était nécessaire. Parfois, on ne saisit guère l'occasion de promulguer des règlements complémentaires ou auxiliaires à ceux des livres précédents; quelques modifications résultant de circonstances différentes ou modifiées sont maintenant apportées; et l'ensemble du système mosaïque est complété par l'ajout de plusieurs textes législatifs dans Deut. 12–26 de nature sociale, civile et politique. Celles-ci auraient été totalement superflues pendant la vie nomade du désert; mais maintenant que l'organisation permanente d'Israël en tant que nation devait être accomplie, elles ne pouvaient plus être différées. En conséquence, le législateur, sur l'ordre de Dieu, achève sa grande œuvre en les fournissant. Ainsi, il met à la disposition de son peuple des institutions civiles accréditées par les mêmes sanctions divines que celles accordées à leurs rites religieux.
Les livres précédents présentaient Moïse principalement en qualité de législateur ou d'annaliste. Le Deutéronome le place devant nous dans celui d'un prophète. Et non seulement il avertit et enseigne avec une autorité et une énergie que les pages les plus sublimes des quatre plus grands prophètes ne peuvent surpasser, mais il livre certaines des prédictions les plus notables et incontestables que l'on trouve dans l'Ancien Testament. La prophétie dans Deutéronome 18:18 avait sans aucun doute ses vérifications partielles dans les âges successifs, mais ses termes ne sont satisfaits dans aucun d'entre eux. La perspective ouverte par elle avance continuellement jusqu'à ce qu'elle trouve son repos dans le Messie, qui est seul comme le seul homologue complet de Moïse et comme le plus grand que lui. Deutéronome 28 et Deutéronome 32 fournissent d'autres exemples non moins manifestes.
Il est généralement admis que le Deutéronome doit, en substance, provenir d'une seule main. Le livre présente, à l'exception des quatre derniers chapitres, une indéniable unité de style et de traitement; il est coulé, pour ainsi dire, dans un seul moule; ses caractéristiques littéraires sont telles que nous ne pouvons pas croire que sa composition se soit étalée sur une longue période de temps: et ces faits sont en plein accord avec la conception traditionnelle qui attribue le Livre à Moïse.
Les affirmations quant à la fausseté du Deutéronome, bien que présentées de manière très positive, apparaissent lorsqu'elles sont passées au crible pour reposer sur des arguments les plus insuffisants. Les prétendus anachronismes, divergences et difficultés admettent pour la plupart des explications faciles et complètes; et aucune tentative sérieuse n'a jamais été faite pour répondre à la présomption écrasante tirée du témoignage unanime et inébranlable de l'ancienne Église et nation juives que Moïse est l'auteur de ce livre.
Le Deutéronome a d'une manière singulière l'attestation des apôtres et de notre Seigneur. Paul, dans Romains 10:8; Romains 15:11 en fait un argument assez long et le cite expressément comme écrit par Moïse; Peter et Stephen Actes 3:22; Actes 7:37 se réfèrent à la promesse d'un "prophète semblable à" Moïse, et la considère comme donnée, comme elle le prétend, par Moïse lui-même; notre Seigneur, brandissant «l'épée de l'Esprit qui est la parole de Dieu» contre les assauts ouverts de Satan, recourt trois fois au Deutéronome pour les textes avec lesquels Il repousse le tentateur, Matthieu 4:4-1. Exhorter en réponse que l'inspiration des apôtres, et même le séjour de l'Esprit «sans mesure» dans le Sauveur, ne les préserverait pas nécessairement d'erreurs sur des sujets tels que la paternité d'écrits anciens, ou de fortifier de telles affirmations en remarquant que notre Seigneur en tant que Fils de l'homme était lui-même ignorant de certaines choses, c'est négliger la distinction importante entre l'ignorance et l'erreur. Être conscient que beaucoup de vérité se trouve au-delà de la portée de l'intelligence est compatible avec la perfection de la créature: mais être trompé par la fraude des autres et tomber dans l'erreur, ce n'est pas le cas. Affirmer alors que celui qui est «la vérité» croyait que le Deutéronome était l'œuvre de Moïse et le citait expressément comme tel, bien qu'il fût en fait un faux introduit dans le monde sept ou huit siècles après l'Exode, est en effet, même bien que pas dans l'intention, de mettre en cause la perfection et l'impeccabilité de sa nature, et semble ainsi contredire les premiers principes du christianisme.