Commentaire de Joseph Benson
Jean 21:16-17
Il lui dit encore la deuxième (et même la troisième ) fois : Simon, etc., m'aimes-tu ? Sans doute dans le but d'imprimer l'importance de la question avec la plus grande force sur son esprit ; et peut-être aussi pour rappeler à Pierre qu'il l'avait renié trois fois, et lui avait ainsi donné raison de mettre en doute la sincérité de son amour. Mais à ces deux derniers temps, le Christ omet les mots plus que ceux-ci : parce que Pierre, dans sa réponse, les avait modestement omis. Remarquez, lecteur, bien que nous ne puissions pas dire que nous aimons Christ plus que les autres, cependant nous serons acceptés si nous pouvons dire que nous l'aimons vraiment. Ce Pierre professe de le faire encore et encore, affirmant avec confiance, Oui , ou sûrement, Seigneur, je t'aime.Il avait une haute estime et valeur pour son Seigneur ; un sentiment reconnaissant de sa gentillesse; et était entièrement dévoué à son honneur et à son intérêt; son désir était vers lui, comme un sans lequel il devrait être défait ; et son plaisir en lui, comme celui dans lequel il devrait être indiciblement heureux.
Et qu'on se souvienne que ceux qui peuvent vraiment dire qu'ils aiment le Seigneur Jésus, peuvent s'approprier le réconfort de l'assurance qu'ils s'intéressent à lui, malgré leurs infirmités quotidiennes. Il mérite notre attention ici, que Pierre pouvait faire appel au Christ lui-même pour la preuve de son amour, en disant une fois de plus : Tu sais que je t'aime ; et la troisième fois, parlant encore avec plus d'emphase, tu connais toutes choses ; tu sais que je t'aime. Il ne garantit pas que ses condisciples témoignent pour lui ; ils pourraient se tromper en lui ; il ne pense pas non plus que sa propre parole puisse être prise ; le crédit en était déjà plus qu'ébranlé : mais il prend le Christ lui-même à témoin. Heureux ceux qui, pour de bonnes raisons, peuvent faire de même !Il lui dit: Pais mes brebis Le mot rendu pâture dans le verset précédent, et dans Jean 21:17 e βοσκε, signifie proprement donner de la nourriture; mais le mot utilisé ici, , implique plus largement de faire tous les offices d'un berger, à savoir, guider, surveiller et défendre les brebis, ainsi que les nourrir.
« De la demande de notre Seigneur à Pierre s'il l'aimait, avant de lui donner mission de nourrir ses agneaux et ses brebis, on déduit à juste titre que pour rendre les hommes dûment qualifiés pour la fonction ministérielle, ils doivent préférer l'intérêt et l'honneur du Christ à toute autre considération quelle qu'elle soit. C'est la grande qualification par laquelle seule un ministre peut être animé pour parcourir les travaux et les difficultés de sa charge, et être fortifié contre les dangers qui peuvent l'accompagner. De plus, l'exhortation du Christ à Pierre de nourrir ses agneaux et ses brebis, étant la réponse qu'il fit à la déclaration de Pierre qu'il l'aimait, nous montre que les ministres témoignent le mieux de leur amour pour le Christ par leur soin et leur diligence singuliers à nourrir son troupeau. La triple répétition de Notre Seigneur de sa commission à Pierre, était probablement une allusion à Pierre' s trois refus ; et comme il contient une indication indirecte que son repentir doit avoir une certaine proportion avec son péché, ainsi il semble que notre Seigneur ait eu l'intention de convaincre le reste des disciples de la sincérité de la conversion de Pierre, et d'empêcher tout affront qu'il pourrait s'exposer à ce qu'ils soupçonnent le contraire.
Cependant, on nous dit que Peter était affligéà cette demande répétée à lui : 1°, parce qu'il lui a semblé une indication que le Christ a douté de la sincérité de son repentir ; et à une personne de son tempérament sanguin, rien n'aurait pu offrir une angoisse plus sensible qu'une telle suggestion. 2°, il rappela son crime, avec toutes ses circonstances aggravantes, dans son esprit ; elle renouvela sa douleur d'avoir offensé, et elle augmenta cette douleur d'une considération qu'il avait donné des motifs suffisants pour soupçonner sa fidélité, même après sa conversion. 3° Cela le fit craindre que son Maître ne prévoie une autre inconduite de sa part, ce qui serait une contradiction aussi grande avec ses professions d'amour que la première l'était. On s'étonnerait que des circonstances si évidemment humiliantes pour l'esprit de Pierre, les papistes aient pu déduire une concession à lui de la domination suprême sur l'église, le clergé ainsi que les laïcs ; comme si une charge de servir les brebis, donnait un pouvoir de régner sur tous les bergers.
Le passage a sans doute un tout autre sens ; car Pierre, par sa lâcheté et sa perfidie tardives, ayant, pour ainsi dire, abdiqué l'apostolat, n'était par les présentes que formellement rétabli dans sa charge, par l'indulgence de son bon et miséricordieux Maître ; et non élevé à une nouvelle dignité au-dessus de ses frères. Voir Macknight et les travaux de Tillotson.