Commentaire de Coke sur la Sainte Bible
2 Chroniques 32:4
Le ruisseau qui coulait au milieu du pays... Comme une fontaine abondante était bien nécessaire, dans ce pays, aux endroits où ils avaient l'habitude de se donner rendez-vous ; ainsi le manque d'eau devait être très terrible dans tous les campements postérieurs, pendant qu'ils poursuivaient la guerre, et surtout quand ils devaient rester quelque temps dans un tel endroit. La pensée d'Ézéchias, ici proposée à ses princes, d' arrêter toutes les fontaines et le ruisseau qui coulait au milieu du pays, était à ce moment critique très naturelle. Mais on peut penser que c'est une preuve de la grande simplicité de l'antiquité d'entretenir un tel dessein, et d'autant plus s'il a pu le réaliser. Comment des fontaines et un ruisseau ont- ils pu être ainsi arrêtés,comme totalement à dissimuler ? A quel point était-il facile pour une armée aussi puissante que l'Assyrie de creuser une multitude de puits ? Mais, aussi étrange que puisse paraître cet artifice, il fut en fait utilisé au même endroit plusieurs siècles après l'époque d'Ézéchias, et rendit très perplexe une armée européenne, et elle aussi assemblée de divers pays belliqueux.
Avant le siège de Jérusalem par les Croisés en 1099, ses habitants, ayant eu des conseils de leur arrivée, arrêté jusqu'à la bouche de leurs fontaineset des citernes à cinq ou six milles autour de la ville, afin qu'opprimés par la soif, ils fussent obligés de renoncer à leur dessein de l'assiéger. Cette gestion, nous dit-on, occasionna par la suite des troubles infinis à l'armée chrétienne, les habitants en attendant non seulement ayant beaucoup d'eau de pluie, mais bénéficiant aussi du bénéfice des sources hors de la ville, leurs eaux étant acheminées par des aqueducs en deux très grands bassins en son sein. Ces précautions, en effet, n'empêchèrent pas les Croises de réussir enfin ; mais alors leur armée fut affligée de soif de la manière la plus terrible ; bien qu'il ait eu l'aide de quelques-uns des habitants chrétiens de Beth-lehem et de Tekoa, qui, étant dans l'armée, ont conduit le peuple à des fontaines distantes de quatre ou cinq milles ; car les environs de Jérusalem étaient un sol très sec et sans eau, n'ayant presque pas de ruisseaux, de fontaines ou de puits d'eau douce ; et tous ceux qu'ils remplissaient de poussière, et par d'autres moyens, autant qu'ils le pouvaient, et ou bien ils brisèrent les citernes d'eau de pluie, oules a cachés. Tout cela montre l'impossibilité pour une armée de s'approvisionner en eau en creusant des puits, les sources y étant rares, et le sol, au contraire, extrêmement sec.
Cela montre aussi avec quelle facilité de tels puits peuvent être cachés, ce que signifie souvent le terme ici מעינות mangianoth rendu fontaines , et ce que doit signifier Ézéchias, puisqu'il n'y avait pas de fontaine pour former un ruisseau dans le voisinage proche. de Jérusalem, sauf celui de Siloé, qui, je présume, est le ruisseau dont parle Jérémie, et qui, au temps des Croisades, n'a pas été, semble-t-il, tenté d'être bouché. Quelle en était la cause, on ne nous le dit pas ; mais il semble que les eaux de quelques sources hors de la ville aient été transportées dans Jérusalem à ce moment-là ; et que Salomon, dans son règne, avait essayé de faire la même chose, quant à une partie de l'eau des sources de Beth-léhem, et l'avait fait.
Voir Les Voyages de Maundrell, p. 89. Il n'était donc pas étonnant qu'Ézéchias songea à introduire de la même manière les eaux de Siloé dans la ville, afin de priver immédiatement les assiégeants de ses eaux, et d'en profiter aux habitants de Jérusalem. Probablement cela se fit de la même manière que Salomon y apporta les eaux de Bethléhem ; à savoir, en recueillant l'eau de la source ou des sources dans un réservoir souterrain, et de là, par un aqueduc dissimulé, les acheminant à Jérusalem ; avec cette différence que Salomon n'a pris qu'une partie de l'eau de Bethléhem, laissant le reste couler dans ces célèbres piscinesqui restent à ce jour; tandis qu'Ézéchias a transformé toute l'eau de Siloé dans la ville, bouchant absolument la sortie dans la piscine, et la remplissant de terre, afin qu'aucune trace n'en pût être vue par les Assyriens : ce qui semble, en effet, être le sens de l'écrivain sacré au verset 30, où l'original peut aussi bien être rendu, Ézéchias a arrêté la sortie supérieure des eaux de Guihon et les a dirigées en dessous à l'ouest de la ville de David; et ainsi Pagninus et Arius Montanus comprennent le passage. Il boucha la sortie des eaux de Guihon à l'air libre, par laquelle elles avaient l'habitude de passer dans l'étang de Siloé, et devint un ruisseau ; et, par quelque artifice souterrain, dirigea les eaux vers le côté ouest de Jérusalem. VoirObservations, p. 337.