Commentaire de Coke sur la Sainte Bible
Actes 4:10
Au nom de Jésus, etc. — Le temps de la résurrection du Christ était celui de la célébration de la Pâque, la fête la plus solennelle des Juifs ; la scène était à Jérusalem, la métropole de Judée, et en ce temps-là bondée de Juifs, qui y venaient de toutes les parties de la terre, pour célébrer la Pâque. Les acteurs et témoins étaient les grands prêtres et les anciens, Ponce Pilate le gouverneur romain, et les soldats romains qui gardaient le sépulcre.
Or, si le récit de la garde du sépulcre avait été faux, il n'y a pas de doute, mais les grands prêtres et les anciens, qui auraient obtenu la garde et scellé la porte du sépulcre, auraient , se sont lavés de la folie et de la culpabilité que leur imputait l'évangéliste. Toutes les charges pesant sur tout le gouvernement de la Judée auraient pu être répondues à la fois par une attestation des chefs des prêtres, énonçant qu'ils n'ont jamais demandé qu'une garde soit mise au sépulcre, confirmée par le témoignage des soldats romains, (dont beaucoup étaient probablement à Jérusalem quand l'évangile a été écrit), niant avoir jamais été sur cette garde.
Ceci, non seulement la réputation des principaux sacrificateurs, mais leur méchanceté avouée envers Christ, et leur aversion pour sa doctrine et sa religion, l'exigeaient ; et c'est probablement ce qu'ils auraient fait de toute façon, s'ils avaient eu la liberté de propager et d'inventer le mensonge qui leur plaisait. Mais qu'une garde ait été mise au sépulcre, c'était, selon toute vraisemblance, par la dispersion et la fuite des soldats dans la ville, trop connus à Jérusalem pour qu'ils osent le nier : c'est pourquoi ils ont été obligés d'inventer un mensonge cohérent avec ce fait connu, aussi absurde et improbable que le mensonge puisse paraître, quand il est venu à être considéré.
Or, comme le rapport mis dans la bouche des soldats romains par les grands prêtres et les anciens, n'est pas une preuve de la fausseté de ce fait, mais plutôt du contraire ; de même le fait de nommer la scène, les acteurs et les témoins, forme une preuve très forte de sa véracité, puisqu'aucun faussaire de mensonges, volontairement et consciemment, ne fournit les moyens de sa propre détection ; surtout quand nous considérons que ce récit est rapporté par cet évangéliste, qui aurait composé son évangile pour les chrétiens qui habitaient en Judée, dont beaucoup vivaient alors probablement à Jérusalem lorsque cette chose a été faite, sans parler à nouveau de l'absurdité de le rapport des disciples venant de nuit, et volant le corps,tel qu'il est dans l'évangéliste, et le prenant, tel qu'il a été ensuite prudemment amendé par le Sanhédrim, et propagé par une députation expresse d'eux à toutes les synagogues des Juifs à travers le monde ; dans lequel, sans faire aucune mention de la garde romaine, ils ne disent rien de plus que les disciples sont venus de nuit, et ont volé le corps,—le prenant, disons, de la manière dont ces sages conseillers étaient, après mûre délibération. s'il plaît à le dire, il peut suffire d'observer que le vol imputé aux disciples était si loin d'être prouvé, qu'il n'a pas été autant que jamais enquêté.
Et pourtant les accusateurs étaient les principaux sacrificateurs et les anciens des Juifs ; des hommes en haute vénération et autorité auprès du peuple, investis de tout le pouvoir de l'État juif, et par conséquent pourvus de tous les moyens de se renseigner, d'obtenir et d'extorquer un aveu. Et quels étaient les accusés ? hommes de basse naissance, fortunes médiocres, sans apprentissage, sans crédit, sans soutien ; et qui, par pusillanimité et crainte, avaient abandonné leur maître, la première fois offerte de lui témoigner leur fidélité et leur attachement.
Et peut-on imaginer que les grands prêtres et le conseil n'auraient pas enquêté sur le fait dont ils ont pris tant de peine à propager la croyance, s'ils en avaient été eux-mêmes persuadés de la vérité ? Et s'ils s'étaient renseignés là-dessus, peut-on supposer que parmi le nombre de personnes méchantes qui ont dû en avoir connaissance, personne, soit par honnêteté, soit par religion, soit par peur d'un châtiment, ou par ont trahi le secret, et leur ont donné des renseignements qui leur auraient permis de mettre la question de la résurrection hors de tout litige.
Car s'il avait été prouvé une fois que les disciples avaient volé le corps de Jésus, leur parole n'aurait guère été prise pour sa résurrection. Mais comment ont agi ces pauvres hommes ? Conscients d'aucune fraude ou imposture, ils restèrent à Jérusalem une semaine ou plus, après que le bruit qu'ils avaient volé le corps de leur Maître se répandit dans la ville, et y retourna environ un mois plus tard : peu de temps après, ils affirmèrent hardiment, pour le visage de leurs puissants ennemis et accusateurs, les principaux sacrificateurs et les anciens, que Dieu avait ressuscité des morts ce même Jésus qu'ils avaient crucifié.
Et quel était le comportement de ces rabbins érudits, ces gardiens vigilants de l'Église et de l'État juifs ? Eh bien, ils laissèrent les disciples de Jésus, accusés par leur ordre d'une imposture tendant à troubler le gouvernement, rester incontestés à Jérusalem, et s'en éloigner sans être inquiétés ; et quand, à leur retour, ils les avaient fait saisir et conduire devant eux, pour avoir prêché par Jésus, la résurrection, que leur ont-ils dit ? Les ont-ils accusés d'avoir volé le corps de leur Maître ? Rien de tel : au contraire, ne pouvant démentir le témoignage rendu par les apôtres de la résurrection de Jésus, attesté par un miracle alors accompli par eux en son nom, ils leur ordonnèrent de se retirer, et confèrent entre eux ce qu'ils devaient faire avec eux.