Abraham prit le bois et le posa sur Isaac. Il semble donc, entre autres circonstances, qu'Isaac ait dû être adulte à cette époque. Josèphe rapporte qu'il avait vingt-cinq ans. Il paraît probable qu'il l'était davantage : il s'écoula environ trente-sept ans entre sa naissance et la mort de Sarah ; de sorte qu'il n'est pas invraisemblable qu'en âge, ainsi qu'en portant le bois sur lequel il devait être sacrifié, il ait représenté le Christ, qui portait sa propre croix et avait plus de trente ans. Il est également observé qu'Isaac, étant de cet âge, doit s'être volontairement soumis pour être lié et sacrifié par son père, car un homme si vieux n'aurait pas pu avoir la force suffisante, si Isaac avait résisté.

Josèphe met un discours pathétique dans la bouche d'Abraham à l'occasion, et décrit la soumission d'Isaac comme le résultat. Mais rien ne peut être conçu de plus pathétique et touchant que le simple récit ici donné par Moïse ; les recherches naturelles et fondantes d'Isaac ; les réponses résolues mais tendres du père. Ici aussi, nous pouvons discerner dans cette oblation volontaire d'Isaac, une figure de son oblation qui s'est librement donné à mourir pour le salut des pécheurs.

RÉFLEXIONS.— Avec une crainte silencieuse, le patriarche entend et n'hésite pas à obéir. Mille arguments s'élevèrent sans doute (malgré tout ce que nous avons demandé). Dieu peut-il ordonner ce qu'il a interdit ? Abraham doit-il devenir un monstre contre nature ? Les sacrifices humains peuvent-ils lui plaire ? et un père doit-il assassiner son fils ? Un commandement aussi déraisonnable et contre nature peut-il venir de Dieu ? Qu'est-ce et où est donc la Semence promise ? Aspergé du sang de son fils, comment rencontrerai-je la mère injurieuse ? et que penseront les nations, lorsqu'elles frémiront d'horreur en entendant l'effroyable histoire ? Ainsi la chair objecta : mais la foi ne consulte pas la chair et le sang : convaincu, au-delà de toute possibilité de doute, qu'il avait le mandat de Dieu, il se hâte d'accomplir le terrible commandement.

1. Tôt le matin, il se leva. Ni la délibération ni le retard ne sont admis. Noter; Dans les épreuves difficiles de la foi, ce que nous faisons, nous devons le faire rapidement.

2. Il fait les préparatifs nécessaires, fend le bois, où chaque coup a dû lui arracher le cœur ; seller sa bête pour l'expédition, et, probablement à l'insu de Sarah, se hâte de partir. Noter; La détresse des autres pour lui, est de nature à faire fondre le martyr, plus que sa souffrance prochaine.

3. Après trois longs jours de voyage, où chaque pas a dû être une angoisse, le lieu apparaît. Abraham, intrépide, le voit de loin et congédie ses serviteurs, de peur qu'ils ne s'immiscent et ne l'entravent : seul il doit supporter le choc. Noter; Lorsque nous nous approchons de Dieu dans le culte, les pensées et les soucis intrusifs doivent être exclus.

4. Isaac, le fils chéri, porte maintenant le bois sur lequel il doit s'étendre un cadavre essoufflé ; Abraham le feu pour le consumer, le couteau pour le tuer. Qui peut le supporter ? Quelle foi peut tenir ? La grâce est toute-puissante.
5. N'étant pas étranger aux rites de sacrifice habituels, le charmant Isaac avec innocence exige, Mon Père, — une parole fondante ! un souvenir perçant ! — où est l'Agneau ? Ah, malheureux garçon ! qu'Abraham, sanglant de tendresse, dise : cela ne peut pas être ; tu ne dois pas t'étendre dans le sang sous ma main, ma main cruelle. — Non, inébranlable, inébranlable, répond-il : Mon fils, Dieu se pourvoira d'un agneau. Tu es le sacrifice ; il t'a donné, et il te redemande.

6. L'endroit est fixé, l'autel se lève, le bois est posé. Une foi incroyable ! Le fils, la semence, l'Isaac, le chéri, est lié, est mis ; le couteau est tiré, le bras étendu, la pointe descendant dans la chair frissonnante. Qui peut considérer l'attitude et ne pas être frappé d'une terreur sacrée, d'une sainte horreur et d'un profond étonnement devant une obéissance si déterminée. Dieu voit bien content, et arrête le coup descendant.

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