Dieu a du respect pour l'offrande d'Abel et rejette celle de Caïn : Caïn tue son frère ; Dieu dénonce la condamnation sur lui pour son fratricide. La postérité de Caïn. L'adresse de Lémec à ses femmes. La naissance de Seth d'Adam ; d'Enos de Seth.

REFLEXIONS GENERALES. au chap. IV. et V.

TYPE. IV. Un des effets les plus funestes de la chute d'Adam fut d'entraîner une dépravation sur toute sa postérité, dont la fin tragique d'Abel fut le premier exemple malheureux. La naissance de son premier fils avait rempli Eve de plaisir : mais ce n'était pas la dernière fois que des enfants, dont la venue au monde a causé des transports de joie à ceux dont ils sont nés, leur ont apporté douleur et amertume tout leur la vie après.
Les deux premiers frères auraient dû être unis par les liens d'amitié les plus stricts : tous les champs, tous leurs produits, oui, la terre entière était à eux. Aucune poignée n'était là pour ces divisions publiques, qui dans les âges suivants ont été si funestes à la société ; ni pour ces querelles privées qui sont passées des parents aux enfants, et se sont transmises en héritage à travers leurs familles. Néanmoins, force fatale de l'envie ! Caïn était le meurtrier de son frère Abel !
Combien sont trompeurs les jugements portés sur les apparences extérieures des hommes ! Qui n'aurait cru voir ces habitants du premier monde ; tous deux fils de la même famille ; tous deux reconnaissant le véritable objet du culte religieux ; tous deux, en apparence, animés du même désir de rendre hommage àlui; qui, dis-je, n'aurait pas pensé qu'elles étaient également acceptables à ses yeux ? Néanmoins, l'un d'eux fait une offrande agréable au Grand Chercheur des cœurs, tandis que l'autre est rejeté par lui ! C'est Dieu seul qui peut juger du cœur : et puisqu'il en discerne les secrets les plus intimes, combien vain de s'approcher de lui avec dissimulation et hypocrisie ! O Dieu, dans toutes nos adresses à toi, donne-nous la vraie foi, des cœurs purs et des intentions justes ! car tu n'accepteras, nous sommes-nous assurés, aucun service, mais tel qu'il est apporté par des personnes qui possèdent plus ou moins ces dispositions pieuses ; que parfois tu souffres d'être opprimé par les méchants : une preuve, dès le début, que la piété doit chercher sa récompense dans un autre et meilleur état que celui-ci.

L'innocence d'un homme bon est souvent une raison suffisante pour attirer sur lui la haine d'un homme mauvais ; les vertus des bons sont les reproches des méchants. Caïn ne pouvait supporter avec patience la distinction faite entre lui et son frère ! sa colère s'enflamma contre lui, parce que Dieu l'avait justifié ; et l'excuse, venant d'un être si puissant, redoubla la jalousie qu'elle aurait dû éteindre, et hâta l'énormité qu'elle aurait dû empêcher ! Mais la justice de Dieu n'était pas éludée : en effet, le mépris des hommes pour la bonté de Dieu armera toujours formidablement sa justice contre eux.


Le même principe, qui conduit les méchants à commettre des crimes dans l'espoir de l'impunité, les désespère dès la dénonciation du châtiment. Caïn redoutait au plus haut point de sombrer sous le poids des châtiments menacés et intolérables. Mais Dieu, qui se souvient d'avoir de la compassion même au milieu de sa colère, a daigné enlever cette appréhension, bien qu'il n'ait pas enlevé l'horreur et le remords qui accompagnent toujours une conscience coupable ; dont la crainte et la certitude devraient suffire à dissuader les hommes d'une scélératesse atroce.

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