Nous nous souvenons du poisson, etc.—L'auteur des observations remarque que les poissons de l'Egypte sont mangés en commun avec plaisir par les habitants de ce pays ; mais qu'en avril et mai, qui est la saison chaude là-bas, ils mangent à peine autre chose que du poisson, avec des légumes secs et des herbes ; la grande chaleur leur coupe l'appétit pour toutes sortes de viandes. C'est le récit de Mgr Pococke, vol. 1 p. 182 avec qui d'autres voyageurs sont d'accord. D'où certains ont pensé que cette plainte des Israélites provenait du temps étouffant particulier, et de leur accoutumance, en ces saisons chaudes, à manger du poisson et des légumes rafraîchissants. Mais il est évident, d'après le texte, que la plainte d'Israël provenait d'une sorte de luxe capricieux et pervers ; et pour cette raison a attiré une si sévère animadversion du ciel. De Vitriacho nous dit,languissant à mort quand Damiata a été assiégé (anno Dom. 1218.) bien qu'ils eussent une suffisance de blé, faute de la nourriture à laquelle ils étaient habitués; pompons, ail, oignons, poissons, oiseaux, fruits, herbes, &c.

Il apparaît, au moins, très clair d'après le ch. Nombres 10:11 que les Israélites ne sont arrivés à cette station qu'à la fin de mai, voire avant juin; et il semble que ce fut quelque temps après leur arrivée que ce murmure s'éleva ; ( Nombres 11:4 .) afin que soit les vents chauds du sud ne soufflent pas en même temps dans le désert, comme ils ont l'habitude de le faire en Egypte, soit cette plainte n'est pas née de cette cause.

Les concombres, etc. — Ceux qui sont disposés à entrer dans un compte rendu minutieux de ces plantes, trouveront leur curiosité satisfaite en se référant au troisième volume de la savante et laborieuse Physique sacrée de Scheuchzer . Il traduit les mots rendus concombres et melons, par melons et citrouilles, melons et gourdes ; et il observe que les anciens appelaient tous les fruits de cette espèce concombres et melons. Le mot que nous rendons poireaux, il le prend pour signifier une plante du genre lotus, qui poussait dans les basses terres d'Egypte ; et qui, dit-il, était d'un goût très délicat, et tenu en grande estime.

Homère dit que le lotus est la première des plantes qui poussaient pour le plaisir des dieux, Iliade 22. Voir Alpinus de plant. Egypte. p. 103. En ce qui concerne les oignons et l' ail, Scheuchzer observe en outre, sur le crédit des meilleurs voyageurs, qu'ils sont bien meilleurs et d'un goût bien plus sucré en Orient que dans nos parties du monde. Les Juifs, et les Orientaux en général, en sont jusqu'à présent très friands ; et Calmet remarque bien que l'ail était si demandé chez les anciens, qu'Homère en fait une partie du divertissement que Nestor lui sert. invité Machaon. Iliade 11.

Miel nouveau prest, la farine sacrée de blé, Et l'ail sain, couronne la gâterie savoureuse. LE PAPE.

Juvénal observe, au début de sa 15e satire,

Comment l'Egypte, folle de superstition grandissante, Fait des dieux de monstres mais on le sait trop bien—

* * * * * * * * * * * * *

C'est un péché mortel qu'un oignon à dévorer ; Chaque gousse d' ail est un pouvoir sacré. Des nations religieuses assurément, et des demeures bénies, Où chaque jardin est rempli de dieux ! DRYDEN.

Sur quoi Calmet et d'autres ont lancé une question : Comment les Israélites ont-ils osé violer le culte national, en mangeant ces plantes sacrées ? A quoi on peut répondre, en premier lieu, que quoi qu'il puisse être le cas des Égyptiens dans les âges ultérieurs, il n'est pas probable qu'ils soient arrivés à un tel degré de superstition au temps de Moïse ; car nous n'en trouvons aucune trace au temps d'Hérodote, le plus ancien des historiens grecs. 2° Juvénal et les autres écrivains qui parlent de cette superstition semblent se tromper en imaginant que ces herbes ont été réellement l'objet d'un culte religieux.

Les prêtres, en effet, s'abstenaient d'en user, ainsi que de plusieurs autres végétaux : et cela pouvait donner lieu à l'opinion qu'ils étaient révérés comme divinités ; mais elles n'étaient pas interdites au peuple, comme le montrent clairement les témoignages des anciens écrivains ; en particulier Diodore, lib. 1 : p. 80.

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